Le parlement bruxellois  a voté   ce vendredi  le relèvement  de la norme de rayonnement des antennes. La Wallonie  et la Flandre avaient déjà fait de même. 

JEAN-FRANÇOIS MUNSTER

C’était la dernière étape sur le long – très long – chemin menant la Belgique vers la 5G, la nouvelle génération de technologie mobile. Ce vendredi, le parlement bruxellois a approuvé un projet d’ordonnance rehaussant la norme de rayonnement maximal des antennes GSM. Cette étape était nécessaire pour permettre le déploiement de la 5G dans la capitale, la norme actuelle étant trop restrictive. C’était la dernière Région à ne pas l’avoir encore fait. L’adaptation a été faite en Wallonie en décembre et en Flandre en juillet.

La nouvelle norme est fixée à 14,57 V/m (volts par mètre) à l’extérieur et à 9,19 V/m à l’intérieur, contre 6 V/m actuellement. Elle est dite « cumulative » c’est-à-dire que les ondes de tous les opérateurs confondus ne peuvent pas dépasser cette limite. Elle intègre aussi les ondes des antennes radio et télévision. Elle reste la plus stricte du pays et l’une des plus strictes au monde, souligne-t-on du côté du gouvernement bruxellois. Le niveau de protection demeure en effet 20,1 fois plus élevé à l’intérieur et huit fois plus élevé à l’extérieur que les recommandations de l’Europe et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Une fois les arrêtés d’exécution publiés, les opérateurs télécoms pourront introduire leurs demandes de permis d’environnement à la Région en vue de modifier les antennes existantes ou d’en ajouter de nouvelles.

Ceux-ci saluent « un pas en avant très positif » mais soulignent que cette norme reste bien plus restrictive que son équivalent en Flandre et en Wallonie. « Elle va permettre de déployer une première phase de la 5G », explique René Konings, porte-parole d’Agoria Bruxelles, la fédération de l’industrie technologique, « mais si dans quelques années, on constate une saturation, il faudra en reparler ». Dans un premier temps, la 5G va surtout permettre de maintenir la qualité des connexions mobiles dans le pays. Une récente étude de l’IBPT (régulateur des télécoms) à ce sujet indiquait pour la première fois une légère diminution des vitesses dans un contexte où la consommation de données explose.

Comme à l’époque de l’adoption de la 4G, les débats autour de la modification de la norme ont été difficiles dans la capitale, où Ecolo est au pouvoir. Pour trouver une issue, le gouvernement a décidé d’organiser un débat citoyen via une commission délibérative mixte composée de 45 citoyens et de 15 parlementaires. Celle-ci a abouti en juin 2021 à une série de recommandations qui ont servi de base à la future ordonnance.

L’opposition n’a pas manqué de souligner la lenteur du gouvernement sur ce dossier. « Que de temps perdu », a déploré la parlementaire MR, Aurélie Czekalski. « Pendant ce temps-là, nos entreprises, nos hôpitaux, nos universités attendent. C’est trop tard. » Cieltje Van Achter (N-VA) a abondé dans le même sens, déplorant la faiblesse du rehaussement de la norme. « Dans quelques années, on devra à nouveau reparler de cette norme. J’espère qu’on aura droit à un débat plus rationnel. » Chez Les Engagés, Christophe De Beukelaer a, lui, regretté l’absence d’un plan de sobriété numérique accompagnant le déploiement de la 5G. « On sait que l’écueil principal de la 5G, c’est l’effet rebond. Si cette technologie permet de consommer moins d’énergie par unité de data mais qu’on consomme dix fois plus de data qu’auparavant, on empire l’impact CO 2 . »

Plan numérique durable

Alain Maron, ministre de l’Environnement, refuse, lui, de parler de retard. « Lorsqu’on décide d’affaiblir une norme de protection environnementale, on doit le justifier et ne le faire que lorsque c’est indispensable. A quoi cela aurait-il servi de le faire plus tôt puisque les licences pour les fréquences 5G n’étaient pas octroyées (elles l’ont été durant l’été 2022, NDLR) ? » Il a aussi rappelé que l’ordonnance prévoyait l’obligation pour les opérateurs de rédiger un « plan numérique durable et responsable » dans lequel ils devront expliquer comment ils comptent s’y prendre pour diminuer leur consommation énergétique malgré la 5G.

Plus rien ne fait maintenant obstacle au déploiement de la 5G en Belgique et les opérateurs sont dans les starting-blocks. Orange ambitionne de couvrir 40 % de la population pour la fin 2023 et 90 % d’ici fin 2025. Telenet/Base vise 70 % de la population d’ici la fin de l’année et tout le pays pour 2025. Proximus n’a pas donné de calendrier précis mais dit vouloir couvrir l’entièreté du pays endéans les trois ans.

Pour pouvoir bénéficier des vitesses élevées de la 5G – au même prix que la 4G –, il faudra aussi que les Belges s’équipent d’un smartphone compatible. Ceux-ci sont de plus en plus répandus. Chez Telenet, 29 % de la clientèle en possède déjà un.

Onderwerpen